Sur la réception de l'oeuvre, 3 témoignages :

Tout d'abord Mozart, dans une lettre à Jacquin* :

"Le 29 octobre, mon opéra, Don Giovanni, est monté in scena, et vraiment avec le plus complet succès. Hier, il a été représenté pour la quatrième fois (à mon bénéfice). [...] Je souhaiterais bien que mes bons amis, surtout Bridi** et vous, vous soyez ici, un soir seulement, pour participer à ma joie ! Mais peut-être l'opéra sera-t-il joué à Vienne ? Je le souhaite ! - On met tout en oeuvre ici pour me persuader de rester encore quelques mois et d'écrire encore un opéra. Mais je ne puis accepter cette proposition, si flatteuse soit-elle toujours."

Mozart, 4 novembre 1787.

* Emilian Gottfried von JACQUIN (1767-1792), employé à la chancellerie austro-bohémienne ; élève de Mozart, il publia certains lieder de Mozart sous son propore nom, avec le consentement de l'auteur.
** Giuseppe Antonio BRIDI, jeune banquier de Roveredo, fort amateur de musique, lié à Mozart et Jacquin.


Don Giovanni, Acte I scène 9, lithographie colorée de Julius Nisle.


Prague, Théâtre Nostiz, où furent créés
Don Giovanni et La Clemenza di Tito.

La critique pragoise :

"Le lundi 29 octobre fut représenté, par la compagnie d'opéra italien de Prague, l'opéra impatiemment attendu du maître Mozart, Don Giovanni ou Le Festin de Pierre. Connaisseurs et artistes disent que rien de pareil n'a encore été représenté à Prague. M. Mozart dirigeait lui-même l'orchestre et, lorsqu'il parut, il fut salué par une triple acclamation. L'opéra est du reste extrêmement difficile et tout le monde en admire cependant l'excellente représentation après si peu d'études. Tout, théâtre et orchestre, a mis ses forces à récompenser Mozart par une belle exécution. Des choeurs nombreux et les décors ont exigé de grandes dépenses. M. Guardasoni*** a brillament monté tout cela."

Oberpostzeitung, 3 novembre 1787.

*** Domenico GUARDASONI, impresario, successeur de Pasquale BONDINI (chanteur basse et directeur du théâtre de Prague) après la mort de ce dernier en 1789 .

Malgré les éloges, on sent poindre ici un reproche sur la "difficulté" de la musique de Mozart. Cette réserve, sorte de revers de la médaille, aura des conséquences néfastes pour le compositeur - à Vienne notamment. Dans les demandes qu'il formule pour des concerts ou de nouvelles oeuvres à graver, Mozart n'obtient en cette fin d'année 1787, aucune réponse.


Lorenzo da Ponte :

"Je n'avais pas vu la représentation de Don Giovanni à Prague, mais Mozart m'avait informé tout de suite de son succès merveilleux, et Guardasoni m'avait écrit ces mots : Vive Da Ponte ! Vive Mozart ! Tous les impresarios, tous les virtuoses doivent les bénir. Tant qu'ils vivront, on ne saura jamais ce qu'est la misère au théâtre."

 


Lorenzo da Ponte, lithographie.


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