VERSION POUR MEZZO-SOPRANO OU TÉNOR (dédiée à Mme Nottès)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en la, cors en fa et en , cordes
TONALITÉ : FA # MAJEUR
MESURE : 3/4
TEMPO : Adagio (noire = 44)

Absence est la 1re mélodie à être orchestrée et chantée à Leipzig le 23 février 1843.
Avec Le Spectre de la Rose, elle est sans doute la plus célèbre du recueil.

La structure de ce texte, de forme rondo, est composée de 2 couplets encadrés par 3 refrains.

A (Refrain)
Mes. 1 à 15
B (Couplet)
Mes. 16 à 26
A (Refrain)
Mes. 27 à 41
C (Couplet)
Mes. 42 à 52
A (Refrain)
Mes. 53 à 67
Fa # Majeur
ré # mineur
Fa # Majeur
ré # mineur
Fa # Majeur

On observera à l'audition de cette mélodie :
— un usage raffiné des silences,
— des refrains (rigoureusement identiques) qui commencent et terminent cette imploration dans le mode Majeur.

Ce début de refrain est donc surprenant à plus d'un titre ; l'usage du mode majeur, le rythme pointé ne semble pas – a priori – traduire le désespoir.
L'enchaînement harmonique de la 3e à la 4e mesure n'a pas manqué de choquer nombre d'oreilles, et a contribué (mais d'autres pages également) à
donner à Berlioz une réputation de compositeur maladroit, " compliment " qui l'a poursuivi jusqu'à nos jours.
Certes, et il faut bien admettre, si l'on s'en tient à nos habitudes liées à l'étude de l'harmonie classique, " du point de vue harmonique, il y a chez Berlioz des maladresses à faire hurler " (Pierre Boulez, cité par Charles Rosen (voir Bibliographie), in Par volonté et par hasard, Paris, Seuil, 1975, p. 21).

De toute évidence, mes. 3, l'enchaînement du si au fa # n'est pas le bon. Il serait toutefois hasardeux de prétendre que Berlioz ne maîtrisait que partiellement son traité d'harmonie !
Dans le cas qui nous intéresse, la transgression des règles d'harmonie donne ici toute la saveur à cette lamentation retenue, intériorisée.
Berlioz procède davantage par "couleurs" que par logique contrapuntique. De plus, la dissonance provoquée à la 3e mesure ne pouvait pas se résoudre sur un accord plus faible que celui de la mes. 2, dont il est en quelque sorte, la réitération.