VERSION POUR MEZZO-SOPRANO OU TÉNOR (dédiée à Mme Wolf)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en la, 1 basson, cordes
TONALITÉ : LA MAJEUR
MESURE : 2/4

TEMPO : Allegretto (noire = 96)

Le texte de cette poésie apparaît dans l'édition de 1838 de la Comédie de la Mort de Th. Gautier sous le titre de "Villanelle rhythmique" (p. 361).

Le climat léger et aérien de ce poème pastoral est créé dès les premières mesures par un accompagnement orchestral en accords staccatos dans le haut medium. L'indication p, sempre leggiero ("doucement, toujours léger") dans un tempo assez rapide conforte cette impression. Ces accords sont confiés aux bois, dont le rôle – pour cette première mélodie, est prédominant :

(Cliquer sur le portrait pour entendre l'extrait)

L'apparente simplicité du texte (le seul des 6 mélodies à chanter le bonheur de l'amour bucolique) ne doit pas masquer ici un travail harmonique très élaboré. L'observation sur le plan tonal du parcours des emprunts (très brefs) du 1er couplet est à ce titre étonnant : la volonté de se démarquer du style de la romance est particulièrement sensible. Quelques exemples :

Mes. 1
Mes. 10
Mes. 16
Mes. 18
Mes. 20
Mes. 25-26
Mes. 27
Mes. 34-40
LA Maj.
SI b Maj.
si min.
LA Maj.
do # min.
FA Maj.
la min.
LA Maj.

L'usage des modulations à répétition peut surprendre dans cette première mélodie (et dans les suivantes, comme nous le verrons). Sa science de l'harmonie "classique" a fait sursauter plus d'un compositeur ou mélomane averti, contemporain ou non de Berlioz. Ces Nuits d’Été nécessitent donc plusieurs auditions.

Dans les 2 autres couplets, Berlioz va renouveler l'invention harmonique (étroitement liée aux changements opérés dans la mélodie) :
Écoutez et comparez ces deux exemples :

1er couplet :


2e couplet :

Si l'enchaînement du 1er au 2e couplet se fait presque dans l'urgence (2 mesures en accords de LA Maj.), la transition du 2e au 3e couplet est augmentée de 4 mesures, offrant l'impression d'une modulation en ré mineur (avec le thème à la basse). Mais le compositeur ne laisse pas à l'auditeur le loisir de s'installer dans celle-ci, et le retour au ton principal est bien vite retrouvé (mes. 87) :