La Liberté des Nègres par Marc Ogeret

 

 
 
 
 
 

La Liberté des Nègres, sur un texte de Pierre Augustin de Piis, est chantée sur le même timbre que Les Cinq Etages. L'interprétation de Marc Ogeret est plus lente et accompagnée d'un piano, un quatuor à cordes, des timbales et d'un cor à la fin. Une introduction est confiée au violon seul, plaintif et résigné.

Le saviez-vous Républicains,
Quel sort était celui du nègre ?
Qu'à son rang parmi les humains
Un sage décret réintègre
Il était esclave en naissant,
Puni de mort pour un seul geste.

On vendait jusqu’à son enfant.
Le sucre était teint de son sang.
Daignez m’épargner tout le reste. (bis)
Le chant commence accompagné du piano seul, qui étoffe progressivement son accompagnementCliquer pour écouter
Comme dans les couplets suivants, les timbales dramatisent la deuxième partie de chaque stropheCliquer pour écouter
L'ellipse contenue dans le dernier vers "Daignez m'épargner tout le reste" sous-entend tous les non-dits de la maltraitance des esclaves noirs. Le procédé est emprunté tel quel au texte de Picard, les Visitandines, bien que le sujet soit plus léger.
Le couplet suivant est enchaîné sans transition
De vrais bourreaux, altérés d’or,
Promettant d’alléger ses chaînes,
Faisaient, pour les serrer encor,
Des tentatives inhumaines.
Mais, contre leurs complots pervers,
C'est la nature qui proteste

Et deux peuples, brisant leurs fers,
Ont, malgré la distance des mers,
Fini par s‘entendre de reste. (bis)
L'accompagnement du 2ème couplet est fait sensiblement de la même façon mais le contre-chant toujours plaintif, joué cette fois-ci plus grave par l'alto, commente la perversité des colons

La révolte des noirs pourtant s'organise.

Comme dans les strophes suivantes, le dernier vers, à l'origine du choix du timbre, se transformera à chaque fois, ne gardant comme élément commun le mot "reste"

Tendez vos arcs, nègres marrons,
Nous portons la flamme à nos mèches,
Comme elle part de nos canons,
Que la mort vole avec vos flèches.
Si des royalistes impurs,
Chez nous, chez vous, portent la peste,

Vous dans vos bois, nous dans nos murs,
Cernons ces ennemis obscurs,
Et nous en détruirons le reste. (bis)
La tension dramatique augmente et le contre-chant, cette fois, au violoncelle est de plus en plus grave.

Dans le combat partagé, la différence de condition est encore mesurable : les blancs ont des canons, les noirs ont des arcs.

L'alliance des instruments à cordes dans la deuxième partie de cette strophe, symbolise l'alliance des nouvelles forces en présence (procédé figuraliste)

Quand dans votre sol échauffé,
Il leur a semblé bon de naître,
La canne à sucre et le café
N’ont choisi ni gérant, ni maître.
Cette mine est dans votre champ,
Nul aujourd’hui ne le conteste,

Plus vous peinez en l’exploitant,
Plus il est juste, assurément,
Que le produit net vous en reste. (bis)
La progression dramatique augmente encore jusqu'à la fin de la chanson : les cordes sont de plus en plus présentes et le tissu mélodique et harmonique est de plus en plus dense et le piano joue quelques chromatismes descendants

L'égalité des droits est enfin reconnue.

Américains, l’égalité
Vous proclame aujourd’hui nos frères.
Vous aviez à la liberté
Les mêmes droits héréditaires.
Vous êtes noirs, mais le bon sens
Repousse un préjugé funeste…

Seriez-vous moins intéressants,
Aux yeux des Républicains blancs ?
La couleur tombe, et l’homme reste ! (bis)
Cette dernière strophe apporte un sens supplémentaire:  la liberté de l'individu quelle que soit sa couleur et l'égalité des blancs républicains donc français et des noirs des îles du continent américain.


Le dernier vers en est le résumé fulgurant et arrive comme le couronnement de l'apothéose orchestrale : sur les trois derniers vers, les cordes et les timbales sont de plus en plus sonores et le cor fait son entrée, donnant ainsi de la profondeur au sens du texteCliquer pour écouter