A l'invitation du Commandeur, la réponse affirmative de Don Giovanni est marquée par un rythme resserré de croche-pointée-double,
qui rompt un instant avec le rythme funèbre [noire pointée-croche] omniprésent depuis l'arrivée du Commandeur.
Toute la fierté et l'arrogance du personnage prennent leur mesure dans ce passage [513 à 516] :

Immédiatement après avoir donné sa main en gage de bonne foi, Don Giovanni est "saisi" par une sensation effroyable ; son cri Ohimè ! ("Oh ciel !") traduit bien sa terreur d'avoir été pris au piège par son excès d'orgueil. L'accompagnement de l'orchestre sur une septième diminuée (explication) en accentue l'effet :

Les injonctions du Commandeur, Pentiti ! ("Repends-toi !) pour le salut de l'âme du libertin viennent se heurter à la violente négation de celui-ci ; On notera d'ailleurs dans la première version du mythe par Tirso de Molina, que l'Abuseur de Séville se repentait dans les derniers instants qui précédaient sa mort, alors que le personnage chez Mozart oppose jusqu'à la fin un refus inébranlable (écouter les six No ! brefs jusqu'à la mesure 548)

Avant de quitter la scène sur l'échec de la repentance, le Commandeur conclut de façon lapidaire (Ah, tempo più non v'è, "Ah ! il n'est plus temps.") sur une mélodie chromatique descendante au rythme long et régulier de rondes où le temps semble suspendu :

Dans la 2e partie, au tempo Allegro, Don Giovanni - maudit par la justice divine, est définitivement perdu. M. Noiray (voir Bibliographie) fait observer qu'il ne s'exprime plus que sur des phrases se terminant par des mots accentués sur l'antépénultième (insolito, spiriti, vortici), signe de sa totale déstabilisation. Le choeur -rarement présent dans cet ouvrage, chante sous terre, avec des voix sombres (didascalie) :

Tutto a tue colpe è poco. Vieni, c'è un mal peggior. ("Tout cela est peu en regard de tes fautes. Viens, il est un mal bien pire.")

La justice divine triomphe en majeur, sur une "tierce picarde" (c'est-à-dire sur un accord final en mode majeur dans un morceau où le mode principal est mineur) ; les flammes envahissent la scène, la terre s'entrouvre pour engloutir et ainsi punir le débauché :





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Scène 16 (EPILOGUE)