Les
musiques ainsi que les danses afro amérindiennes sont le résultat de
plusieurs siècles d'échanges pluri-ethniques entre les peuples et leurs
cultures respectives. Les racines culturelles d'Amérique latine ont en
effet largement été influencées par les esclaves africains qui, arrachés
de leur continent pour être transportés vers le nouveau monde,
contribuèrent à la variété des expressions musicales, en mélangeant leurs
inspirations à celles des indiens et des espagnols.
De toutes les musiques du XXème
siècle, le Tango est celle qui intègre le champ le plus large de cultures
issues des autochtones, de l'esclavage et de l'immigration: la
Milonga argentine, le Candombé africain,
la Habanera cubano-espagnole, le mélodisme et la nostalgie des italiens, la
tradition populaire espagnole, les influences diverses d'Europe, le
bandonéon allemand…
Le
Tango est né à la fin
du XIXème
dans les bas
fonds de Buenos Aires en Argentine et de Montevideo en Uruguay, issu
essentiellement du métissage de trois danses, le Candombé dansé par les
esclaves noirs, très rythmé et qui
parle de la misère d'un peuple,
la Habanera d'origine cubano-espagnole, et la Milonga venue de la Pampa argentine,
sorte de complainte des paysans
solitaires, accompagnée d'une guitare à la mélodie simple et répétitive.
La disparition presque totale des noirs de Buenos Aires, décimés par une
épidémie de fièvre jaune, vers 1880 a estompé en même temps les rythmes et
les couleurs du Candombé au profit de la symbiose de la
Milonga locale
avec la Habanera arrivée avec la vague d'immigrants européens entre 1880
et 1920. Il en restera une tristesse, infinie et irrévocable, de
ceux qui savent qu'ils ne rentreront jamais, l'âme définitive du
Tango.
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